UK : La forêt de Sherwood, nouvelle ZAD des « anti gaz de schiste » ?

En Angleterre, les opposants à l’extraction du gaz de schiste se mobilisent pour sauvegarder la forêt de Sherwood et son arbre quasi millénaire, menacés par un groupe pétrochimique.

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Major Oak, le chêne quasi millénaire de la forêt de Sherwood, dans le Nottinghamshire, en Angleterre.

Encouragée outre-Manche par les gouvernements conservateurs successifs, l’exploitation du gaz de schiste pourrait viser un lieu symbolique et s’attirer de nombreux détracteurs : la forêt de Sherwood, dans le comté de Nottinghamshire, à jamais liée au folklore de Robin de Bois.

La branche anglaise des Amis de la Terre, ONG engagée dans la protection environnementale, a annoncé dimanche que le groupe pétrochimique britannique Ineos compte lancer des mesures de prospection sismique, soit l’analyse des échos d’ondes sismiques créées par des camions vibreurs pour visualiser en profondeur les structures géologiques. Ces études préparatoires constituent une première étape avant la fracturation hydraulique, méthode controversée qui consiste à injecter en profondeur et à forte pression un mélange d’eau et produits chimiques additionnés de sable pour libérer du gaz contenu dans de la roche de schiste.

L’une des «nombreuses zones» concernées selon l’ONG, qui a récupéré des documents via une requête officielle auprès de la Commission des forêts du Royaume-Uni, est la forêt de Sherwood, une réserve naturelle nationale. Pour les Amis de la Terre, «si ces plans sont maintenus, la prospection sismique d’Ineos aurait lieu à quelques centaines de mètres du Major Oak , un chêne de plus de huit cents ans qui aurait abrité Robin des Bois et ses joyeux compagnons», selon le folklore local qui a irrigué la littérature puis la culture populaire depuis la fin du Moyen Age. L’arbre, fragilisé, a déjà plusieurs de ses branches soutenues par des tuteurs afin d’éviter qu’elles ne s’affaissent sous leur poids.

Dès le mois d’août, l’existence de ces études préparatoires était connue – des riverains avaient été prévenus par des courriers envoyés par l’entreprise missionnée par Ineos pour effectuer ces mesures. Les révélations de l’ONG précisent cependant le périmètre concerné, qui devrait par son caractère symbolique raviver l’opposition au gaz de schiste dans la région des Midlands de l’Est, voire au-delà : le quasi-millénaire Major Oak était distingué en 2014 comme «arbre de l’année»en Angleterre.

Le fait qu’il aurait protégé Robin des Bois du shérif de Nottingham «aux desseins belliqueux» donne aux militants écologistes un angle d’attaque tout trouvé : «Est-ce que rien n’est sacré ? […] Ineos semble avoir retenu de Robin des Bois un message différent de nous»,estime Guy Shrubsole, des Amis de la Terre. Une pétition mise en ligne ce week-end demande à Andrea Leadsom, la ministre de l’énergie de Theresa May, de «ne pas autoriser l’exploration du gaz de schiste dans la forêt de Sherwood ou toute autre forêt publique».

Prévu samedi aux abords de la forêt, un rassemblement d’opposants, comme la pétition, se sert d’un logo avec une flèche décochée sur un arbre. «Le public veut protéger la campagne anglaise et préfère les énergies renouvelables au gaz de schiste pollueur, qui ne fait qu’empirer le changement climatique», déclare Shrubsole sur le site des Amis de la Terre.

Menace contre l’eau potable : Son de cloche évidemment différent du côté du groupe Ineos : Tom Pickering, directeur opérationnel de la branche dédiée à l’exploration de gaz de schiste, estime qu’il s’agit au contraire d’une «alternative respectueuse de l’environnement» et qu’il serait «tout simplement fou de ne pas exploiter cette ressource naturelle». Au Telegraph, il assure qu’aucune décision d’exploiter via fracturation hydraulique (ou fracking) la forêt de Sherwood n’a encore été prise et que «toute décision de construire un puits prendra en compte des caractéristiques environnementales comme le Major Oak».

Dans un communiqué triomphaliste publié après l’obtention d’une licence donné par le gouvernement pour explorer le gaz de schiste au Royaume-Uni, Ineos – après avoir longtemps été basé en Suisse pour raisons fiscales, le groupe a ouvert un nouveau siège en Angleterre début décembre – se disait «engagé à consulter pleinement l’ensemble des communautés locales, et redistribuera 6 % de ses recettes aux propriétaires immobiliers et fonciers, ainsi qu’aux communautés installées à proximité de ces puits de gaz de schiste» (4 % pour les propriétaires immobiliers et fonciers situés directement au-dessus des puits et 2 % pour les communautés).

Quelques jours plus tard, un rapport de plus de 1 000 pages concocté par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) avançait que l’extraction des gaz de schiste par fracturation hydraulique pouvait avoir un impact néfaste sur la qualité et la disponibilité des ressources en eau potable aux Etats-Unis. En France, cette pratique a été interdite 2011, une décision confirmée par le Conseil constitutionnel en 2013. 

Source : http://www.liberation.fr/planete/2017/01/02/la-foret-de-sherwood-future-zad-de-robin-des-bois-ecolos_1538656
Crédit photo : By Namadie Sabatier – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1909495

 

 

 

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