Un quart des tonnages de déchets recyclables sont pollués à la suite d’erreurs souvent commises par des trieurs trop zélés.
Les erreurs représentent près d’un cinquième des tonnages de tri sélectif, de 8% dans les coins à habitat pavillonnaire où chaque habitant a son bac jusqu’à un quart dans les communes à « habitation verticale » . Paradoxalement, la plupart des erreurs ne sont pas le fait de pignoufs qui jettent leurs poubelles dans le premier bac venu mais sont plutôt dues à de l’excès de zèle des trieurs.
1. Les sacs plastique : La première erreur d’aiguillage, qui représente 40% des pollutions de recyclages, d’après Olivier Castagno, responsable tri au SYCTOM, syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères, c’est la présence de sacs plastiques dans les poubelles jaunes. On a séparé ce qui était recyclage chez soi et on balance le sac plein des déchets à recycler dans la poubelle jaune. Impasse. Les trieurs au centre de recyclage ont pour consigne de ne pas ouvrir les sacs. Ils pourraient se blesser. Et ça fait perdre du temps. Pas la peine non plus de jeter le sac plastique vide séparément. D’une manière générale, le film plastique n’est pas collecté (les consignes de tri ne sont pas homogènes d’une commune à l’autre, quelques collectivités locales y ajoutent le film plastique).
Autre travers de zélés : mettre dans la poubelle jaune ce qu’on aimerait voir. « Là où il y a le plus de confusion, c’est le plastique » , résume Sylvain Pasquier, du département organisation des filières et recyclage de l’Ademe. Les bien-intentionnés, qui pensent que parce que c’est du plastique ça devrait être recyclé, balancent barquettes en plastique, pots de yaourts, jouets ou jardinières de plante… Or, il ne faut pas jeter d’autres plastiques que les flacons et bouteilles, et exclusivement le verre d’emballage (bouteilles et pots).
2. Les déchets trop petits : Second grand type d’erreur, selon Olivier Castagno, c’est la présence de « fines » , autrement dit les petits éléments, d’un diamètre inférieur à huit centimètres et qui n’arrivent pas au bout des unités de tri.
« Un paquet de chewing-gum en carton… techniquement, ce n’est pas une erreur… mais c’est perdu. »
3. Les déchets pas propres : L’emballage cracra représente 5 à 8% des refus selon Olivier Castagno. Le journal jeté dans son emballage plastique, « c’est un vœu pieu de penser qu’ils vont l’ouvrir au centre de tri » . La boite de raviolis à moitié pleine. Vous ne pensez pas que les trieurs vont les racler à la cuiller ? « On vide le coca de la bouteille » , demande Bernard Herodin. Inutile pourtant de laver les emballages, « ils seront compactés et les résidus de sauce tomate disparaitront. »
4. Les sculptures en déchets : La dernière erreur trop zélée, selon Olivier Castagno, c’est de penser qu’on va aider à la rationalisation du recyclage en imbriquant les objets les uns dans les autres, « une bouteille en plastique dans un carton d’emballage purée dans un souci de gain de place » . Vous perdez votre temps. Ces éléments sont renversés dans un camion qui les compacte. « Mais ça donne un bloc uniforme impossible à défaire. » Les déchets doivent être « libres et séparés » .
5. Est-ce grave ? : S’il y a « pollution globale » du bac, il n’est pas collecté. Le sac plastique rempli de déchets recyclables « part directement au refus » comme on dit dans le milieu. Les autres rebuts, triés à la main, rejoignent les ordures ménagères, d’où un surcoût au moment du tri et à la décharge. A France Nature Environnement, Bruno Genty fait valoir que : « Le tri, ce n’est pas sans impact, ce sont des camions qui tournent. Quand il y a des erreurs, ça rallonge encore le transport, quand les refus de tri repartent en décharge ou en incinération. »
6. Comment améliorer les résultats du tri sélectif ? : Le taux de 20 à 25%, on peut facilement le diviser par deux, à en croire Bernard Herodin pour arriver à un taux de 10% quasi incompressible. A écouter les spécialistes du tri sélectif, on sait ce qui ne marche pas (le petit encart dans la lettre du maire par exemple). Parmi les idées qui permettent de réduire le taux d’erreur :
Les actions de sensibilisation auprès des enfants et des jeunes. Parce que ce sont souvent eux qui descendent les poubelles, parce que, selon les mots d’Olivier Catasgno, « c’est plus facile d’apprendre que de modifier un geste » .
Les explications à domicile, en particulier dans les zones d’habitat collectif ou vertical où il y a encore beaucoup « de gens qui trient peu ou pas » selon Sylvain Pasquier.
Le choix des réceptacles peut aussi permettre de réduire les erreurs de tri, rappelle Bruno Genty : « Les bacs roulants opaques peuvent inciter certains à mettre n’importe quoi. Avec des cagettes à claires-voies, ça se voit si vous faites une erreur et vos voisins vous le diront. »
Source : http://www.rue89.com – Guillemette Faure