Le gouvernement japonais a présenté en décembre un nouvel échéancier de travaux pour la centrale accidentée de Fukushima prévoyant un démantèlement s’étalant sur une durée de 40 ans, compte tenu de l’état désastreux du site et des techniques nouvelles nécessaires.
« Le travail se fera en plusieurs étapes », a expliqué Goshi Hosono, ministre de l’Environnement chargé de l’accident, lors d’une conférence de presse.
Le retrait du combustible usé des piscines de désactivation devrait débuter dans environ deux ans (pour le réacteur 4) et durer plusieurs années pour être totalement achevé.
Durant ce délai seront également renforcés les systèmes de refroidissement pour les réacteurs et piscines ainsi que les diverses installations.
L’extraction du combustible fondu dans les réacteurs 1 à 3 sera quant à lui mis en oeuvre dans dix ans, et durera plus de deux décennies, a prévenu le gouvernement.
Le traitement des eaux contaminées accumulées sur le site et stockées dans des réservoirs devra aussi être terminé dans ce laps de temps.
Pour toutes les tâches, des techniques nouvelles seront nécessaires, a souligné M. Hosono, la situation à Fukushima étant inédite, avec des bâtiments détruits, un niveau de radioactivité élevé et du combustible tombé en tout ou partie sur le plancher de béton de l’enceinte de confinement dans trois réacteurs sur les six du complexe.
« La récupération des débris du combustible va être extrêmement difficile. Cela va exiger des moyens techniques particuliers et, sans robots, une telle opération sera impossible », a pour sa part commenté un directeur-adjoint de Tepco lors d’une autre conférence de presse.
« Nous allons travailler avec des entreprises japonaises et étrangères », a promis un autre responsable de Tepco.
« Il est en effet souhaitable que se nouent des coopérations internationales, les Etats-Unis, la France et d’autres pays étant prêts à aider les Japonais dans cette opération délicate », a indiqué à l’AFP un expert français du secteur.
« Il faudra dans un premier temps développer des équipements et dispositifs permettant de savoir dans quel état est réellement le combustible avant d’entreprendre quoi que ce soit », a-t-il précisé.
Un groupe spécial de recherche et développement doit se pencher rapidement sur les besoins nécessaires.
Le démantèlement du site ravagé par le séisme et le tsunami du 11 mars dans le nord-est de l’archipel ne sera en conséquence pas achevé avant environ 40 ans, prévoit l’Etat.
« Nous devons effectuer ces travaux en évitant de générer de nouveaux risques », a pour sa part insisté le ministre de l’Industrie, Yukio Edano.
« Nous avons défini à chaque étape les critères décisifs pour la suite des travaux, ce sont des éléments très importants pour l’avancement du calendrier », a renchéri M. Hosono.
Le gouvernement japonais avait décrété vendredi dernier l’état d’arrêt à froid des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima, une étape importante qui marque la stabilisation du site et ouvre la période de préparation du démantèlement.
L’état d’arrêt à froid, qui signifie le maintien de la température à l’intérieur des réacteurs sous 100 degrés Celsius et le contrôle des émissions radioactives, était un des objectifs clefs de « l’étape 2 du plan de travail » établi par la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) dans le but de venir à bout de cette catastrophe.
Parallèlement au démantèlement progressif, les autorités vont devoir s’occuper des alentours contaminés et de la population évacuée.
Source : De Karyn POUPEE (AFP) – TOKYO