Paris et les trois départements de la petite couronne proposent de tester un casier de stockage de l’eau de la Seine en amont de la capitale pour limiter les crues, faute de financement pour aller au-delà de l’expérimentation, a annoncé lundi l’organisme public en charge du projet.
L’Etablissement public interdépartemental Seine Grands Lacs, qui regroupe Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, travaille depuis plusieurs années à un vaste projet estimé à 500 millions d’euros destiné à éviter la répétition d’un scénario catastrophe du type 1910. Il consiste à construire en Seine-et-Marne 10 gigantesques casiers capables de stocker 55 millions de m3 d’eau pompée dans la Seine en cas de crue.
Pour cela, 58 kilomètres de digues seraient érigées dans la vallée de la Bassée, des anciennes zones humides au niveau du confluent du fleuve et de l’Yonne.
A l’issue d’un débat public mené fin 2011 et début 2012, « la décision a été prise de continuer dans la direction initiale même s’il n’est pas envisagé pour l’instant de réaliser le projet dans sa totalité », a indiqué Daniel Marcovitch, président par intérim de l’établissement public lors d’une conférence de presse.
Son conseil d’administration a proposé la réalisation, soumise à l’accord de l’Etat, d’un casier pilote de 10 millions de m3 dont la mise en service serait prévue en 2020. L’investissement serait limité à 100 millions d’euros, dont l’établissement s’engage à apporter 20 millions. Ce casier-test permettrait de réduire les crues d’environ 5 centimètres dans la capitale, contre 20 à 50 cm si l’ensemble du projet était mis en place.
En cas d’inondation comparable à la crue de 1910 (cote maximale de 8,62 mètres, voir photo), les dégâts sont évalués par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme entre 15 et 20 milliards d’euros, plus du double en tenant compte de la dégradation des réseaux et des pertes d’exploitation des entreprises.
Quelque 850.000 personnes vivent en zone inondable en Ile-de-France.
« Le casier n’évitera pas une inondation de type 1910, mais de montrer l’efficacité du dispositif sur quelque chose de quantifiable », a expliqué M. Marcovitch. « On aurait aimé pouvoir faire la Bassée, mais compte tenu de la situation nous sommes contents de pouvoir réaliser cela. (…) Il n’y a plus beaucoup d’argent pour les investissemnts lourds », a-t-il poursuivi.
Pour les 80 millions d’euros restant à trouver pour l’expérimentation, l’établissement compte sur l’Europe, l’Etat, l’Agence de l’Eau et la Région, voire les gestionnaires de réseaux et éventuellement les communes via une redevance pour service rendu.
En Seine-et-Marne, le maire UMP de Montereau, Yves Jégo, avait dénoncé au printemps « un projet pharaonique pour éviter que l’eau ne monte de 30 centimètres à Paris », dont sa commune se trouve éloignée de 80 km.
Le projet revendique également un but écologique, avec la restauration des zones humides de la vallée de la Bassée, moins souvent inondée en raison des aménagements pour la navigation.
Seine Grands Lacs dispose actuellement de quatre « lacs-réservoirs », totalisant 800 millions de m3, situés dans la Nièvre, l’Aube et la Marne et mis en service en 1949 et 1990. Ils permettent de limiter le débit de la Seine en hiver