Le déclin des populations d’abeilles, préoccupant pour la pollinisation d’importantes cultures, paraît surtout résulter de la raréfaction, ces dernières décennies, de plantes sur lesquelles ces insectes préfèrent butiner, ont conclu des scientifiques dans une étude parue lundi.
En analysant le pollen contenu dans des spécimens de 57 différentes espèces d’abeilles datant d’avant 1950 qui se trouvent dans des musées d’histoire naturelle aux Pays-Bas, ces chercheurs ont pu déterminer que ces insectes avaient des plantes préférées pour butiner.
Ils ont pu ensuite établir un lien entre la disparition dans certaines régions des Pays-Bas des plantes favorites des abeilles et l’important déclin de leurs populations pendant la même période.
« Nous avons montré que le déclin des variétés de plantes préférées pour butiner était l’un des deux principaux facteurs du dépérissement des abeilles« , explique Jeroen Scheper, chercheur à l’Institut néerlandais Alterra de recherche spécialisé dans l’environnement, l’un des auteurs de ces travaux parus dans les Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (PNAS).
La taille du corps des abeilles est l’autre principal facteur de la forte diminution de leur nombre, car les espèces les plus grosses ont besoin de plus grandes quantités de pollen, devenu moins abondant, explique le scientifique.
Selon ces chercheurs, les autres facteurs néfastes potentiels, comme l’allongement de la durée du vol des abeilles pour aller chercher du pollen ou la sensibilité au changement climatique, ont été comparativement moins importants pour expliquer le déclin des populations d’abeilles sauvages dans le monde au 20e siècle.
La perte d’espaces naturels dans la plupart des régions du globe, comme les prairies de plus en plus rares qui cèdent le pas à une agriculture intensive faible en biodiversité, ont fortement appauvri les sources d’alimentation des abeilles.
Un autre phénomène appelé « syndrome d’effondrement soudain des colonies » frappe depuis le début des années 2000 de nombreuses ruches surtout en Europe et aux Etats-Unis, avec dans ce pays des pertes de populations de 30% à 90%.
Les abeilles domestiques et sauvages ainsi que les autres pollinisateurs, qui permettent d’assurer la reproduction de 70 à 80% des plantes à fleurs, sont essentiels pour l’alimentation humaine. Plus de 70% des cultures, dont quasiment tous les fruits, légumes, oléagineux et protéagineux, épices, café et cacao, en dépendent très fortement.
Les pesticides agricoles sont bien entendu également pointés du doigt : La Maison Blanche avait ordonné en juin aux agences fédérales de réexaminer les effets des agents chimiques sur les abeilles et les autres pollinisateurs.
Ce décret présidentiel appelait aussi à la mise en oeuvre d’une stratégie inter-gouvernementale pour protéger les pollinisateurs en améliorant leur habitat, en plantant par exemple des fleurs le long des autoroutes ou en étendant l’habitat dans des zones de conservation.