Le nouveau règlement européen qui entre en vigueur ce mois-ci n’apporte pas la transparence sur la composition, ni l’origine des denrées alimentaires.
Le nouvel étiquetage européen des aliments qui va entrer en application ce samedi 13 décembre 2014, et qui devait éclairer enfin le consommateur sur la composition et l’origine des produits, va rester dans le flou, et des informations essentielles vont continuer à être cachées. Ainsi le nouveau règlement européen (INCO) autorise toujours « les inscriptions illisibles, les valeurs nutritionnelles trompeuses, les OGM cachés, et l’absence de transparence sur l’origine des ingrédients », déplore dans un communiqué l’association de défense des consommateurs Foodwatch.
Le réglement INCO prévoit qu’à partir de décembre 2016 les fabricants devront mentionner les sept valeurs nutritionnelles principales dont les matières grasses, les sucres et le sel sur l’emballage. Mais ces informations nutritionnelles ne figureront qu’à l’arrière de l’emballage et en lettres minuscules : la taille des caractères d’impression des mentions obligatoires sur l’emballage pourra être de seulement 1,2 millimètre et de 0,9 millimètre pour les petits emballages. A vos loupes ! Quant à l’origine des différents ingrédients qui entrent dans la fabrication de la plupart des produits alimentaires, il ne sera toujours pas obligatoire de la mentionner.
Concernant les OGM, le fabricant de produits alimentaires ne sera pas obligé d’informer le consommateur sur le fait que les ingrédients d’origine animale entrant dans la composition de son produit ont été obtenus à partir des animaux nourris aux OGM, alors qu’en France, par exemple, 80% des animaux d’élevage consomment des OGM. Quant aux illustrations elles pourront continuer à être trompeuses et montrer des grosses fraises, par exemple, alors qu’il n’y en a que des traces dans le produit.
» Le nouveau règlement n’apporte donc que peu de transparence et d’améliorations dans l’information des consommateurs car il intègre de fait bon nombre des revendications formulées par l’industrie agro-alimentaire, déplore Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch. Le consommateur est donc » le grand perdant de cette nouvelle réglementation désormais gravée dans le marbre « , tient- elle à préciser.
Avec ce nouveau règlement, les « ruses légales » vont perdurer et continuer d’induire le consommateur en erreur selon FoodWatch qui précise ce que prévoit cette nouvelle règlementation :
L’origine : le consommateur ne sait toujours pas d’où proviennent les principaux ingrédients qui entrent dans la fabrication de la plupart des produits alimentaires. Même pour les produits qui se disent » régionaux « , il n’est toujours pas obligatoire de mentionner l’origine des différents ingrédients. Les fabricants ont exercé une très forte pression contre l’élargissement des mentions d’origine, alors que le Parlement européen s’était prononcé en faveur de davantage d’informations obligatoires.
OGM (organismes génétiquement modifiés) : le fabricant n’est pas obligé d’informer le consommateur que les ingrédients d’origine animale entrant dans la composition de son produit ont été obtenus à partir des animaux nourris aux OGM. Aujourd’hui encore, il est impossible de savoir si des OGM sont intervenus dans l’élaboration de produits comme le lait, les œufs ou la viande. Or, en France, 80% des élevages consomment des OGM.
La taille des caractères : au lieu des 3 millimètres proposés à l’origine par la Commission européenne, les caractères d’impression des mentions obligatoires sur l’emballage devront seulement, à l’avenir, faire au minimum 1,2 millimètre (mesurés sur le « x » minuscule). Une taille réellement insuffisante puisque la plupart des journaux et magazines utilisent une police d’au moins 2 millimètres. Pire : pour les petits emballages, la taille des caractères est ramenée à 0,9 millimètre. Preuve que les nouvelles dispositions ne donnent absolument pas la priorité à une information lisible par le consommateur. Les fabricants de produits alimentaires redoutaient que de plus gros caractères ne laissent pas de place à leur « image de marque ».
Code couleur : le système des feux tricolores inspiré du modèle initial de l’agence britannique des normes alimentaires (FSA, Food Standards Agency), n’a pas recueilli la majorité au Parlement. Il faut dire que les fabricants de produits alimentaires européens ont investi un milliard d’euros pour saper le système des feux au profit de leur propre signalétique (les « apports journaliers recommandés »). En France aussi, l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires) continue de s’opposer à un code couleur obligatoire. 80% des Français sont pourtant demandeurs d’un tel logo d’information nutritionnelle à l’avant de l’emballage.
Source :http://www.bioaddict.fr/ Crédit : Par Spedona (Travail personnel) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons