La région Île-de-France abrite 59 espèces de libellules, mais plus d’une sur cinq est menacée de disparition par les atteintes aux zones humides où elles évoluent, selon un inventaire inédit présenté mercredi.
Pour cette évaluation, « 28.000 données enregistrées depuis 20 ans par des naturalistes ont été compilées, une douzaine d’experts ont veillé au respect de la méthodologie préconisée par l’UICN » (Union internationale de la conservation de la nature), a détaillé Lucile Dewulf de Natureparif, l’agence régionale en charge de la biodiversité.
Il en ressort que sur la centaine de sortes de libellules recensées en France, 59 sont présentes en région parisienne, où les milieux humides (mares, ruisseaux, lacs, tourbières, etc.) subissent une très forte pression due à l’urbanisation dans la petite couronne et aux cultures intensives dans la grande couronne.
Si la survie de la moitié (31 espèces) de ces odonates – le nom scientifique des libellules – ne pose pas de problème, près d’un quart (22%) sont menacées à des degrés divers, et 14% sont quasi-menacées.
Les libellules « sont des sentinelles des zones humides, qui sont le milieu naturel le plus menacé en Ile-de-France et en France », a souligné Samuel Jolivet, directeur de l’Opie (Office pour les insectes et leur environnement), une association ayant permis cette évaluation avec la Société française d’odonatalogie. « En évaluant la population de libellules, on peut avoir une idée du bon état des milieux aquatiques », a ajouté le spécialiste.
En plus d’être des réservoirs pour la biodiversité animale et végétale, les zones humides ont des fonctions essentielles de filtrage des eaux, ainsi que d’absorption des surplus d’eau et de réservoir lors de sécheresse. La moitié des zones humides ont disparu en France en un siècle.
Les libellules étant des carnivores, elles se nourrissent notamment de moustiques et ont donc un rôle régulateur. Elles sont une proie pour des araignées, des oiseaux, des poissons et des batraciens.
Ce travail d’évaluation sera mis à jour environ tous les cinq ans.