La végétation se répartit en fonction de sa capacité à régénérer et filtrer l’eau. Le choix des plantes et leur disposition pour une piscine écologique ne se font pas au hasard. Si l’on se focalise sur le seul aspect esthétique, les risques sont grands de ne pas parvenir à l’équilibre escompté. Il s’agit avant tout de créer un milieu vivant, qui évoluera au fil des saisons en s’adaptant aux variations climatiques.
Une combinaison régénérante et filtrante. Le lagunage a fait ses preuves dans le traitement naturel des eaux usées. Le principe repose sur une faible hauteur d’eau permettant au soleil de la réchauffer rapidement et à ses UV de détruire les bactéries pathogènes. Dans le même temps, les bactéries aérobies, utiles au processus filtrant, se multiplient grâce au brassage permanent qui renforce l’oxygénation.
Depuis la berge, la lagune se creuse jusqu’à atteindre 60 centimètres en moyenne dans sa partie la plus profonde. La zone filtrante, qui la prolonge ou en est séparée, doit atteindre au minimum 1 mètre de profondeur. Le substrat drainant, déposé sur la couche étanche, est déterminant. II se compose d’agrégats de diverses granulométries (pouzzolane, gravier roulé), sélectionnés pour leur aptitude à favoriser le développement des microorganismes qui transforment la matière organique. Des roches de différentes tailles (calcite, quartz, granit…), disposées sur le pourtour, participent au décor en stabilisant les berges.
Introduire de bonnes plantes. Outre les qualités attendues, les plantes doivent convenir au climat local et cohabiter en respectant l’espace vital de leurs voisines. Gare aux variétés envahissantes, tels la jussie et le phragmite !
Organiser les plantes dans son bassin. L’installation commence au centre du bassin, secteur le plus profond, et progresse en remontant vers les berges. Le centre est le domaine privilégié des espèces immergées à longues tiges et feuillage flottant : lotus, nénuphars, nymphéas… Grandes consommatrices de polluants, elles empêchent la prolifération des algues en créant des zones d’ombre qui les privent de lumière. L’hiver, ces reines des bassins disparaissent, permettant ainsi au soleil de réchauffer l’eau.
À proximité glissent librement des plantes flottantes non enracinées indigènes (châtaigne d’eau, hydrocharis grenouillère, lentille d’eau…) ou exotiques (azolée, jacinthe, laitue d’eau…), elles remplissent des fonctions similaires.
Au fond du bassin ondulent des plantes submergées aux propriétés filtrantes et oxygénantes : callitriche, élodée, hippuris, najas, potamot, utriculaire… À mesure que l’on approche des bords émergent les tiges et feuillages de plantes pour zones de moyenne à faible profondeur : soit de – 35 à – 10 centimètres. Ce sont les palustres (purifiantes, certaines odorantes) ou plantes des marais et marécages : acorus, iris, glycéria, juncus, menthe, myosotis, sagittaire, thypha… Installées sur les berges, les plantes ripariennes contribuent, comme les roches, à les stabiliser en créant un décor de fond.
Par Michel Berkowicz, Futura-Sciences
Crédit photo : Bestofremodeling.com