Avant le chocolat, il y a le cacao. Les Mayas appelaient cet arbre Cacahuaquchtl. Et les dieux, dans leur grande générosité, permettaient à l’élite, dans des circonstances bien codifiées, de consommer leur nourriture…
Le chocolat conquit l’Europe grâce aux grands explorateurs. Le chocolat devint le compagnon des grands explorateurs. Christophe Colomb, Hernan Cortés et bien d’autres succombèrent à ses charmes. Cortés revient en Espagne en 1528. Il rapporte des produits inconnus : tomate, haricot blanc, pomme de terre, maïs, piment, tabac et chocolat. Il dit alors à Charles V : « Une tasse de cette précieuse boisson permet à un homme de marcher un jour entier sans manger ».
Les premières cargaisons de cacao arrivent en Espagne en 1585. Préparé dans des monastères, le chocolat est très cher. Il devient un met royal, lourdement taxé et donc hors de prix pour le peuple.
Il est servi dans un pot à couvercle percé pour y introduire le moulinet et est bu dans des tasses plus hautes que celles du café, autre boisson à la mode. Les espagnols se mettent à boire du chocolat chaud, inconnu des Aztèques. Ils fabriquent les premières tablettes pour pouvoir le transporter facilement. L’engouement pour le chocolat se développe donc en Espagne bien avant le reste de l’Europe. Mais, peu coûteux à la production et de culture aisée, le cacao séduit les planteurs et, comme le sucre, contribue à l’essor de l’esclavage.
C’est aux Pays-Bas, terres espagnoles, que le chocolat s’étend d’abord. Les premières fèves sont introduites en Italie, par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, en 1559. Les chocolatiers italiens, experts dans l’art de le préparer, l’exportent en Autriche, en Suisse, en Allemagne et en France.
En 1609, les Juifs chassés d’Espagne arrivent à Bayonne et vont faire de la ville le principal centre de production français.
Madame de Sévigné, écrivait alors à sa fille qu’elle en buvait soir et matin : « Voilà de quoi je le trouve plaisant, c’est qu’il agit selon l’intention ».
Parmi ses plus fidèles admiratrices, Marie-Thérèse, infante d’Espagne et épouse de Louis XIV, on disait d’ailleurs : « Le roi et le chocolat sont les deux seules passions de la reine ». On accusa Fagon, médecin de sa Majesté d’avoir préparé un chocolat de onze heures qui hâta son trépas et permit à madame de Maintenon, qui préparait elle-même son chocolat (c’était prudent !), de s’occuper enfin du roi !
Le chocolat se démocratise. Les années 1820 marquent les débuts du « chocolat pour tous ». – Fondateur d’une dynastie chocolatière, Antoine-Brutus Menier (1795-1853), pharmacien spécialisé dans les poudres, vend du chocolat en tablettes enveloppées de papier jaune. Son fils, Émile-Justin sera surnommé le baron Cacao.
– Cailler est la plus ancienne marque de chocolat suisse, née en 1819. Brillat -Savarin, en 1826, préconisait le chocolat à ceux qui « auraient bu quelques traits de trop à la coupe des voluptés ».
– Le hollandais Van Houten, fabricant à Amsterdam, invente en 1828, la solubilisation du cacao. : c’est le premier brevet de chocolat en poudre.
– En 1847, la première tablette de chocolat est créée.
– Rodolphe Lindt (1855 -1909) dépose en 1879 un brevet qui marque la création du chocolat fondant par le procédé du conchage( Le conchage est un procédé d’affinage du chocolat par brassage à une température de 80 degrés Celsius. Il permet d’uniformiser le produit et d’y incorporer le beurre de cacao additionnel, ainsi que le sucre et éventuellement le lait et les épices).
– Henri Nestlé (1814-1890), grâce au procédé de condensation du lait, permet l’invention, en 1875, du chocolat au lait à croquer.
– L’Anglais Charles Barry développe en 1842 une activité de négoce à Londres.
– Le Suisse Charles Amédée Kohler découvre le chocolat aux noisettes en 1830.
– Philippe Suchard découvre que la plaque coûte trois jours du salaire d’un ouvrier. En 1825, il produit alors entre 25 et 30 kg de chocolat par jour avec un seul ouvrier, et, en 1901, vient le fameux emballage mauve.
– En 1884, Albert Poulain invente le petit déjeuner à la crème vanillée.
– Dès le début du XXe siècle, la chaîne Menier est automatisée, permettant une fabrication en série des tablettes : la première chocolaterie industrielle !
– En 1912, Jean Neuhaus créé la praline et lance ses tablettes ornées du célèbre éléphant.
– En 1923, Franck Mars invente et lance, à Chicago, la première barre chocolatée !
Et la liste des grands noms du chocolat continue de s’allonger encore pour le plus grand plaisir des « chocolâtres ». Quel dommage que ce mot ne devînt pas français ! Et si la Suisse reste un des hauts lieux du chocolat, il est souvent au lait ce qui est incompatible avec la « chocolatrie ».
Source : Futura-sciences
Crédit photo : Par Own work (Image ancienne Chocolats Poulain) [Public domain], via Wikimedia Commons