La France a déclenché la clause de sauvegarde lui permettant de suspendre, à partir de samedi et jusqu’à la fin de l’année, les importations de cerises traitées avec le diméthoate, un insecticide contesté, y compris depuis les pays de l’Union européenne, selon un arrêté paru vendredi au Journal officiel.
Ce texte vise, selon le ministère de l’Agriculture, à protéger les consommateurs, mais aussi les producteurs français qui risqueraient de souffrir d’une distorsion de concurrence en cas d’entrée sur le territoire de fruits provenant de pays utilisant toujours le diméthoate.
« L’importation et la mise sur le marché en France de cerises fraîches destinées à l’alimentation en provenance d’Etats membres de l’Union européenne ou de pays tiers où l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active diméthoate et autorisée en traitement des cerisiers sont suspendues jusqu’au 31 décembre 2016 », écrit précisément l’arrêté.
« Par dérogation (…) peuvent être importées ou mises sur le marché les cerises qui proviennent d’une production biologique », ajoute le texte.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a interdit le 1er février la mise sur le marché du seul produit restant à base de diméthoate, le fabricant n’ayant pas fourni les précisions demandées alors qu’une évaluation a fait apparaître des « risques inacceptables » pour le consommateur, les cultivateurs ainsi que pour les oiseaux et les mammifères.
Les arboriculteurs du sud de l’Hexagone ont par la suite manifesté leur inquiétude face à une perte importante de production, car ils assurent ne disposer d’aucune alternative pour protéger leurs fruits contre les attaques d’un moucheron particulièrement agressif, le drosophile suzukii, arrivé en Europe en 2010.
Le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, demandait une dérogation de 120 jours pour permettre aux producteurs d’utiliser l’insecticide juste avant la récolte des fruits.
Stéphane Le Foll a demandé fin mars à Bruxelles d’interdire le diméthoate dans l’ensemble de l’UE, faute de quoi la France aurait recours à la clause de sauvegarde.
A ce jour, seules l’Espagne et l’Italie ont emboîté le pas à la France et interdit ce produit, selon le ministère.
Le dernier recours à une clause de sauvegarde par la France remonte à 2012 et visait l’insecticide Cruiser, jugé dangereux pour les abeilles.
Source : PARIS, 22 avr 2016 (AFP)
Crédit photo : Par Pierre-alain dorange (Travail personnel) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons