Une décision européenne devrait intervenir cet été pour déterminer si le pesticide est « cancérogène probable » ou pas.
La saga mouvementée de la ré-homologation du glyphosate dans l’Union européenne (UE) devrait connaître son dénouement dans les prochains mois, après deux années et demie de vives controverses. Mais la société civile maintient la pression sur Bruxelles. Une quarantaine d’organisations de défense de la santé ou de l’environnement (Greenpeace, Les Amis de la Terre, Health and Environment Alliance, etc.), issues de quatorze Etats membres, ont lancé, mercredi 8 février, une initiative citoyenne européenne (ICE), afin d’obtenir l’interdiction de l’herbicide – principe actif du Roundup de Monsanto – et une réorientation de la politique communautaire en matière d’agriculture et de produits phytosanitaires (insecticides, fongicides, herbicides).
Prévue par le traité de Lisbonne, l’ICE permet d’« inviter la Commission européenne », de manière formelle, à prendre des dispositions législatives. Pour être considérée comme valide, elle doit rassembler un million de signatures en moins d’un an.
Emblématique, le glyphosate est le pesticide de synthèse le plus utilisé en Europe et dans le monde, et le plus fréquemment retrouvé dans la nature. De toutes les substances utilisées en agriculture, il n’est toutefois ni le plus néfaste pour l’environnement ni le plus dangereux pour la santé humaine. Mais son classement par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme « cancérogène probable pour l’homme », en mars 2015, en a fait un abcès de fixation. D’autant plus que le processus de ré-homologation du produit était alors en cours au niveau européen, concluant, à l’inverse du CIRC, au caractère probablement non cancérogène de la substance et proposant donc sa remise en selle en Europe…
« Le glyphosate a nourri la controverse parce que sa sûreté a été évaluée par les instances européennes à partir d’études industrielles secrètes, explique Martin Pigeon, chercheur à l’ONG Corporate Europe Observatory, participant à l’initiative citoyenne. Cette opacité favorise l’industrie et empêche de contrôler scientifiquement les décisions européennes en matière de sûreté de l’alimentation. Les pesticides ne devraient être évalués que sur des éléments de preuve scientifiques publiés. »
Aux côtés de la demande d’interdiction du glyphosate sur le Vieux Continent, c’est l’une des trois principales requêtes portées par l’initiative.
A suivre …