Au pied de la criée de Port-la-Nouvelle ( Aude) , comme dans les autres ports de Méditerranée, les chalutiers sont à quai pour un mois, victimes d’une diminution de la taille du poisson et de la hausse du prix du gazole.
Les chalutiers de Sète (Hérault), du Grau-du-Roi (Gard), de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) et de Marseille respectent eux aussi un arrêt de pêche de 35 jours, une mesure prise pour la deuxième année consécutive. Ils sont indemnisés par l’Etat sur la base des revenus des années précédentes.
Cette décision, acceptée par tous les métiers de la mer, répond à une réalité simple : ces gros navires de plus de 20 m ne sont plus rentables en Méditerranée.
Pourtant, la ressource traditionnelle de ces chalutiers, le « poisson bleu » (sardine et anchois), est toujours là. « Les poissons sont disponibles en nombre, avec une tendance à une hausse de la population, notamment pour les anchois », selon le dernier rapport PelMed (Pélagiques Méditerranée) de l’Ifremer.
Mais pour une raison indéterminée (qualité de la nourriture et des conditions environnementales…), on observe une forte mortalité après l’âge d’un an, constate David Roos, scientifique de l’Ifremer à Sète.
« A Port-la-Nouvelle, le tonnage des poissons bleus est passé de 2.600 à 400 tonnes entre 2008 à 2011, et à Port-Vendres, de 1.200 à 700 », précise Stéphane Péron, délégué à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) pour les Pyrénées-Orientales et l’Aude.
Les « petits métiers », pêcheurs avec des bateaux de petit tonnage, s’en sortent encore. Mais les chalutiers, gros consommateurs de gazole, ont du mal à survivre. « Pour 1.800 euros de recette par jour, on dépense 1.400 à 1.500 euros en gazole » et il faut encore payer l’équipage et les frais annexes, précise Bernard Pérez, armateur de l’Edouard-François.
Les pêcheurs de « bleu » ont bien tenté de pallier le manque à gagner en se tournant vers le poisson « blanc », comme le merlu, mais celui-ci est en diminution, victime de la surpêche.
Aujourd’hui, les chalutiers de la côte méditerranéenne française se trouvent donc dans une impasse et beaucoup pensent à cesser leur activité, avec destruction de leur bateau grâce au plan de « sortie de flotte » mis en place par le gouvernement et l’Europe.
L’été dernier, le club de rugby de la commune voisine de Sigean a dû innover pour sa traditionnelle « sardinade » : « On a pris des sardines d’Italie, reconnaît le secrétaire du club, celles d’ici étaient trop petites ».
Source : AFP – 29 avr 2012 Crédit photo : http://www.alvinet.com