Le chef indien brésilien Raoni, connu dans le monde entier pour son combat en faveur de l’Amazonie et des peuples indiens, a demandé jeudi à Rio l’arrêt de la construction du barrage de Belo Monte, un ouvrage géant au coeur de la forêt.
« Je vais demander qu’on nous respecte, nous les indigènes, qu’on respecte nos droits. Et pas seulement nous, mais aussi tous ceux qui vivent près du barrage de Belo Monte« , a déclaré à l’AFP Raoni, 82 ans, venu à l’occasion de la conférence sur le développement durable Rio+20, qui s’est ouverte mercredi.
« Je vais demander qu’on ne fasse pas ce barrage pour que l’eau puisse continuer de couler normalement et que les poissons puissent vivre dans les rivières, pour que nous et nos enfants et petits-enfants puissions manger », a dit encore le chef indien, figure emblématique du peuple Kayapo (Mato grosso, ouest du Brésil), portant une coiffe traditionnelles en plumes jaune et noire et dont la lèvre inférieure est étirée par un anneau de bois de plus de 10 cm de diamètre.
Le barrage de Belo Monte, en construction sur la rivière Xingú, pour un coût de près de 13 milliards de dollars, est le barrage le plus important en cours d’édification au Brésil. Il fournira 11.233 MW, soit 11% de la capacité installée du pays. Sa mise en place entraînera l’inondation de 502 km2.
Les terres indigènes ne seront pas touchées, mais l’édification du barrage risque de peser sur les communautés vivant aux alentours, qui ne pourront plus pêcher dans la rivière. « Je vais continuer de défendre la nature, les rivières, la forêt. Je veux demander au monde entier qu’il nous respecte, nous, les peuples indigènes. Que le monde respecte nos terres, les terres indigènes. Et qu’il nous laisse vivre en paix. C’est ce que je vais dire ici, quand viendra le jour pour moi de parler », a dit le chef Raoni.
La construction du barrage est vigoureusement critiquée par les écologistes et par des personnalités comme le chanteur Sting ou le réalisateur James Cameron.
Quelque 1.600 indigènes du Brésil ou d’autres pays sont arrivés à Rio de Janeiro pour participer au Sommet des peuples, organisé en parallèle au sommet officiel. Ils ont installé un village traditionnel avec d’énormes huttes de paille, baptisé « Kari-Oca ».
Depuis mercredi, les indigènes allument le soir un feu sacré pour demander aux dieux la protection de leurs peuples et de leurs territoires. Ce jeudi, ils entamaient les « Jeux verts indigènes », une compétition sportive traditionnelle.