Les spécialistes de la faune arctique signalent, depuis quelques années, la présence d’ours grizzly sur le territoire habituel de l’ours polaire. La lignée de ce dernier pourrait alors être menacée par les croisements ‘contre nature’ qui s’en suivent, donnant des hybrides appelés « pizzlys » ou… « grolars ».
En avril dernier, deux étudiants en biologie de l’Université de l’Alberta, à bord d’un hélicoptère, repèrent, sur l’île Victoria (Arctique canadien), un ours grizzly en compagnie d’un ours polaire bizarrement marqué de brun au museau, aux pattes et au dos. Celui-ci porte également (au garrot) une bosse normalement caractéristique de l’ours brun. Bien que surpris, les étudiants ne tardent alors pas à identifier l’animal : il s’agit d’un de ces hybrides appelés tantôt « grolar », tantôt « pizzly », contraction des mots « grizzly » et « polar bear » (ours polaire, en Anglais).
Deux autres grizzlys et un autre de ces ours métis que les Inuits appellent « Nanulak » – combinaison de « Nanuk » (ours polaire) et « Aklak » (grizzly) –, sont aperçus peu après. Si ce phénomène reste encore rare aujourd’hui, il est de plus en plus observé depuis 2006, année durant laquelle le premier hybride de ce genre a été abattu à Nelson Head (nord-ouest du Canada). En cause : le réchauffement climatique qui, réduisant l’étendue de la banquise d’eau de mer, confine de plus en plus l’ours polaire sur la terre ferme de l’Arctique où, justement, le grizzly (sous-espèce américaine de l’ours brun), enhardi par l’adoucissement des températures, s’aventure de plus en plus souvent…
Or, l’analyse de l’ADN d’un hybride abattu sur l’île Victoria en 2010 a montré que l’un de ses parents était lui-même un pizzly : ces animaux ne seraient donc pas stériles, contrairement à beaucoup d’hybrides. Une petite population de grizzlys s’est établie dans l’archipel autour de l’île Victoria, région où se cantonnent actuellement tous les pizzlys connus. Ours polaire et ours brun ont divergé voici environ 600.000 ans, et l’hybridation entre les deux formes n’est pas excessivement surprenante.
Néanmoins, certains naturalistes craignent que ces croisements se généralisent et mènent, à terme, à la disparition de l’ours polaire – une perte regrettable en terme de biodiversité. D’autres soulignent en revanche, que le pizzly, avec son cou plus court qui réduit ses talents de nageur et ses griffes trop longues pour un sol gelé, n’a que peu d’avenir en Arctique. D’autant que, rare et non couvert par le statut d’espèce protégée comme l’est l’ours polaire, il représente un gibier de choix pour les chasseurs.
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