Un premier aspect pour l’aménagement agricole en biodynamie est le dialogue entre nature et culture sur la ferme. Au lieu de supprimer tout élément naturel des zones cultivées (désherbage systématique, suppression des haies etc …), le paysan intègre la biodiversité naturelle à ses zones agricoles. Cette rencontre de ces deux partenaires, nature et culture, favorise une fertilité pérenne des terres et une santé globale du domaine.
Concrètement, près de la ferme, on trouvera les zones les plus intensément cultivées avec le maraîchage diversifié. Puis, viendront les prés vergers avec différents fruitiers. Plus loin, les champs, les prairies naturelles, puis les pâturages. Et enfin, la forêt diversifiée, l’élément le plus naturel.
On voit se dessiner un paysage varié, éloigné de la dualité culture-nature si courante : d’immenses zones de monoculture entre lesquelles survivent des îlots de nature « en réserve ». Dans un tel paysage, les éléments frontières jouent un rôle essentiel de lien : les haies, les talus, les chemins creux, les forêts de berges de rivières, etc .. Ces zones d’intense vie hébergent une faune diversifiée d’auxiliaires des cultures régulant le parasitisme.
Un deuxième aspect paysager est la recherche d’un équilibre adapté à la région entre les espaces ouverts ( champs, prairies) et les espaces fermés ( forêts, bois etc …), et leur connexion par les haies qui apportent dans le paysage ouvert un élément forestier, et les clairières, qui amènent de la lumière en forêt. Il s’agit toujours d’interpénétrer les éléments, de les mettre en relation au lieu de les séparer.
En 1924, époque où ces questions n’étaient pas encore d’actualité, Rudolf Steiner ( 1861-1925), fondateur entre autres de la Biodynamie, affirma à partir de sa connaissance intime des lois de la nature que l’on obtiendrait de meilleurs résultats agronomiques en réduisant la surface agricole au profit de zones naturelles comme les bois et les bosquets ( les travaux sur l’agroforesterie le confirment), les zones humides, les pelouses sèches, les marais etc … Tous ces éléments, paysagers à grande biodiversité sont les « régulateurs » qui améliorent la santé des cultures. Au delà de cet aménagement paysager, les biodynamistes cherchent à toujours mieux saisir « l’individualité » de leur domaine pour toutes les décisions prises sur cet « arrière-plan » , ce qui augmentera la cohésion du domaine.
« Un domaine est bien toujours une individualité dans le sens qu’un domaine n’est réellement jamais le même qu’un autre domaine. le climat, les données du sol constituent la base la plus profonde pour l’individualité d’un domaine ». R. Steiner ( 1924)
Un pas supplémentaire est de favoriser les « relations naturelles réciproques et intimes » entre plantes, animaux et micro-organismes au-delà des relations de prédation. En abandonnant la théorie simpliste de la lutte pour la survie pour aller vers une image de coopération globale, on découvre une complémentarité essentielle. La plante donne (de la matière, des fruits, des parfums …) et l’animal prend. Ainsi on a observés que des acacias non broutés par les girafes en Afrique dépérissaient contrairement à ceux régulièrement dévorés !
Le but de l’Agriculture Biodynamique n’est ni de revenir au passé ni de laisser faire la nature. Il s’agit de pratiquer une agriculture de partenariat avec la nature pour poursuivre et accompagner l’Evolution et enrichir la biodiversité des paysages.
Par exemple, pour amener de la diversité et une présence animale dans un vignoble, de nombreuses possibilités existent : enherbement varié entre les rangs, plantation de fruitiers ou d’aromatiques, travail avec le cheval ou collaboration avec un éleveur qui amène ses animaux dans les vignes en hiver…
Organiser le domaine agricole en tant qu’organisme agricole est une base essentielle : il est plus structuré intérieurement et beaucoup moins sensible aux influences extérieures négatives.
Source : D’après biocontact – février 2014 Crédit photo : http://www.laclefdesterroirs.com/