Les prévisions d’EDF évaluent à 300 milliards sur cinquante ans le coût de la rénovation et de la construction de nouvelles centrales.
Poursuivre le nucléaire coûtera cher, très cher. Un document interne à EDF, que le JDD s’est procuré, dresse les estimations des coûts futurs pour l’entretien et le renouvellement du parc nucléaire français. Les chiffres donnent le tournis.
Près de 300 milliards d’euros devront être investis dans les cinquante prochaines années si les centrales actuelles sont reconstruites à l’identique. Une hypothèse toutefois difficile à tenir pour remplir l’objectif de réduction de 75 % à 50 % de la part du nucléaire dans la production électrique française.
Depuis plusieurs mois, EDF chiffre à 55 milliards d’euros le coût des travaux nécessaires pour prolonger la durée de vie de 58 réacteurs français de quarante à cinquante ans. Sauf que ce « grand carénage » est prévu pour une période comprise entre 2015 et 2025. Entre 2025 et 2047, EDF dépensera environ 35 milliards d’euros pour entretenir les centrales jusqu’à leur fermeture, selon les estimations de Greenpeace. Un investissement lourd mais normal.
Entre 2002 et 2012, « seulement » 10 milliards ont été dépensés pour la maintenance, un niveau jugé insuffisant pour assurer la sûreté. Au total, 100 milliards d’euros seront donc destinés à la rénovation des 19 centrales françaises.
Du grain à moudre aux écologistes : Mais le plus vertigineux reste à venir. Une montagne d’investissements se dresse en cas de renouvellement du parc actuel. Le document d’EDF illustre pas moins de 200 milliards d’euros nécessaires entre 2030 et 2067 pour reconstruire 58 réacteurs. Auditionné jeudi par les députés, le numéro 2 d’EDF, Hervé Machenaud, reconnaissait que ce coût pourrait atteindre 240 milliards d’euros en choisissant des réacteurs EPR. « C’est une image pour donner un ordre de grandeur, précisait-il. Cela montre l’intérêt de prolonger les centrales pour reporter cet investissement. »
Ces chiffres donnent du grain à moudre aux écologistes. Et EDF le sait. « Cent milliards pour prolonger les centrales de seulement dix ans, c’est le même prix que ce qu’avait coûté la construction de l’ensemble du parc », explique Denis Baupin, chef de file des Verts à l’Assemblée. Le coût total de 300 milliards équivaut surtout à celui de la sortie du nucléaire remplacé par des énergies renouvelables.
« Les montants sont les mêmes, ce qui permet de sortir du mythe que le nucléaire est gratuit », poursuit le député Vert. Avec ou sans nucléaire, la facture énergétique sera lourde.
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