Les pays membres de l’ONU se sont mis d’accord samedi pour commencer à négocier un traité qui protégerait pour la première fois la biodiversité dans la profondeur des océans, après quatre jours de discussions à New York.
Des organisations écologistes qui suivaient de près ces discussions, regroupées dans la Coalition pour la haute mer (High Seas Alliance), ont salué « une étape importante pour la protection des océans ».
Le futur traité, qui serait le premier du genre, permettrait de préserver les vastes zones qui s’étendent au-delà des eaux territoriales (200 milles nautiques) que chaque Etat riverain gère à sa guise. Ces zones et les fonds marins qu’elle recouvrent sont menacées par la pollution, la surpêche ou le réchauffement climatique.
Elles représentent 64% des océans et 43% de la surface de la Terre, ce qui en fait la plus grande biosphère de la planète.
Il faudra encore que l’Assemblée générale de l’ONU, à sa prochaine session, entérine formellement l’accord obtenu tôt samedi matin à New York. Et un traité ne verra le jour au mieux qu’en 2018.
Selon le texte adopté samedi et dont l’AFP a eu copie, un « comité préparatoire » sera mis sur pied en 2016 pour dessiner les contours d’un futur traité et faire des recommandations à l’Assemblée à sa session de septembre 2017.
Celle-ci décidera alors si et quand il convient de réunir une « conférence intergouvernementale sous l’égide des Nations unies » afin de négocier un « instrument international juridiquement contraignant ». Ce traité devra porter sur « la préservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale ».
Il s’agira en particulier de créer des « zones marines protégées » et de « partager les bénéfices » tirés des grands fonds, par exemple en matière de génétique marine.
Pour Karen Sack, de Pew Charitable Trusts, « c’est un grand moment pour la haute mer (…) et une vraie bonne nouvelle pour la vie dans les océans ».
« L’accord obtenu aujourd’hui peut faire beaucoup pour garantir la protection de la haute mer, qui en a terriblement besoin », a souligné Sofia Tsenikli de Greenpeace dans un communiqué. « Le temps presse ».
« C’est la plus grande biosphère de la planète et il n’existe pas encore d’instrument juridique pour y créer des parcs nationaux de la mer », explique Karen Sack. Des conventions internationales réglementent déjà certaines activités comme la pêche ou certaines zones précises, mais il n’existe pas pour l’instant de texte couvrant l’ensemble des dangers qui menacent les fonds marins.
Les enjeux potentiels sont énormes: outre son rôle de régulateur du climat, l’océan fournit des protéines à près de trois milliards de terriens.
Au cours des discussions à New York entre experts des 193 pays membres, une majorité de pays, comme ceux de l’Union européenne et du G77 (groupe de pays en développement, notamment africains) le Mexique, la Chine, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, ont poussé à agir vite. Mais d’autres comme les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l’Islande ou le Japon se sont montrés réticents à fixer des échéances rapides et contraignantes.
Ces pays entendent préserver les immenses possibilités d’exploitation économique des fonds marins: non seulement la pêche en haute mer mais la prospection minière ou la génétique marine.
La Coalition pour la haute mer regroupe 27 ONG (dont Greenpeace et le WWF) ainsi que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).