Les mamans phoques s’occupent de leur progéniture comme elles l’entendent, chacune ayant son propre caractère. Évident ? Pas tant que cela, sachant que la notion humaine de personnalité se distingue formellement de la notion d’instinct.
Le développement de la personnalité chez l’Homme comme chez l’animal est primordial. L’histoire montre qu’au sein d’une même espèce, avoir un large spectre de caractères plutôt qu’une personnalité est une condition fondamentale de l’évolution. De plus en plus d’études mettent en évidence la diversité de caractère des animaux. Relativement peu d’études ont intégré l’examen de la cohérence des comportements individuels, élément clé de la personnalité. Résulte-t-elle d’un processus mécanique ou l’animal s’adapte-t-il consciemment à son environnement extérieur ?
Le phoque gris, largement présent au Royaume-Uni, est l’une des rares espèces de mammifères dont l’étude du comportement individuel a été réalisée dans son environnement naturel. Cette espèce de phoque a un cycle de reproduction annuel bien connu. Chaque automne, les adultes se rassemblent sur les îles éloignées, au large de l’Écosse, pour se reproduire. Des chercheurs des universités de Durham et de St Andrews ont étudié leurs comportements durant 2 ans. Ils ont cherché à déterminer l’influence du caractère des phoques sur leurs petits.
L’étude, publiée en libre accès sur Plos One, montre que chez les phoques gris, les femelles ont clairement des différences de comportement durant l’allaitement : certaines sont calmes et prudentes. Chaque année, elles reproduisent le même système éducatif, et ce quelle que soit la situation. D’autres sont assez flexibles dans leur éducation et se jouent du résultat de leurs actions.« Certaines mamans ont une façon très déterminée de prendre soin de leurs petits, quoi qu’il arrive, tandis que d’autres sont plus souples », confirme Sean Twiss, l’auteur principal.
Les femelles phoques ont chacune leur système d’éducation : En moyenne, l’éducation donnée par les mamans strictes est très efficace, le nourrisson gagne rapidement du poids. D’autres mères sont plus flexibles : leur comportement s’ajuste aux conditions locales. Cela peut être risqué dans certaines situations mais si les juvéniles suivent bien leur mère, ils s’en sortent très bien.
La différence de comportement des femelles peut avoir un impact important sur leurs petits. Après deux semaines d’allaitement, les petits sont livrés à eux-mêmes et doivent apprendre à se nourrir. Plus la mère réussit à faire grossir son petit, plus ce dernier aura de temps pour apprendre à se nourrir seul.
Les scientifiques ont mené leurs expériences sur l’île écossaise de North Rona en 2009 et 2010. Ils ont utilisé un véhicule contrôlé à distance qui émettait des stimulus auditifs pour perturber les femelles et étudier la modification de leur comportement. L’équipe a observé les phoques dans leur habitat naturel et a donc pu analyser les réponses à des stimulus inhabituels et évaluer ainsi le comportement des animaux au repos.
Pour Paddy Pomeroy, coauteure de la publication, « ce qui est vraiment intéressant dans ces essais à court terme, c’est la façon dont les types de comportement se transposent en mesures individuelles de succès de la reproduction. Une de nos prochaines tâches sera de voir comment les réussites et les échecs de reproduction sont étalés sur la durée de vie, ce qui ne peut être fait dans ce type d’étude ».
Source : Le 25/11/2012 – Delphine Bossy, Futura-Sciences
Crédit photo : Par ChristianT (Travail personnel) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons