Sur les étals des magasins, comment peut-on savoir quels sont les fruits et légumes qui contiennent le moins de pesticides ? Simon Bernard, étudiant en 5e année à l’École nationale supérieure maritime du Havre, a mis en place un dispositif permettant de détecter la présence de pesticides sur nos aliments. Il souhaite que cette technologie soit intégrée directement dans les smartphones.
Étudiant en dernière année à l’École nationale supérieure maritime du Havre, j’ai imaginé un dispositif permettant de détecter les pesticides présents sur les aliments. Mon idée a été récompensée par le ministère de l’Environnement et je dois maintenant la développer pour la rendre accessible à tous.
Je m’intéresse depuis toujours aux actualités scientifiques et je suis très sensible aux sujets liés à l’environnement, comme les problèmes d’accès à l’énergie ou encore à l’eau potable.
Dans le cadre de mes études, j’ai d’ailleurs travaillé sur l’optimisation des carènes de bateaux et construit une maquette économe en énergie. J’ai également réalisé un prototype accessible au plus grand nombre, permettant de faire de l’eau douce à partir d’eau de mer.
Alors, quand j’ai entendu parler de « Green Tech Écoles », l’appel à projet du ministère de l’Environnement, qui proposait aux élèves de certaines écoles de réaliser un projet numérique en lien avec les problématiques environnementales, je me suis lancé.
Tout a commencé il y a quelques mois, lorsque j’ai appris que la spectrométrie, une technologie de laboratoire, avait récemment été miniaturisée, commercialisée et ouverte aux développeurs. Il s’agit d’une sorte de grosse clé USB qui envoie un rayon infrarouge sur une matière, qui peut être un aliment. Ce rayon, réfléchi par les molécules qui composent la matière, est ensuite analysé.
Ce dispositif permet donc d’obtenir la composition moléculaire des éléments et peut être utilisé dans le cadre de contrôles qualité, par exemple. Cette technologie m’a beaucoup intéressé, et après quelques recherches sur le sujet, je me suis dit qu’il serait judicieux d’utiliser ce dispositif pour détecter les pesticides présents dans les aliments, car cela n’avait, à ma connaissance, jamais été encore fait.
J’ai appelé ce projet « Scan eat ». Pour le concrétiser, je dois désormais développer un algorithme permettant d’analyser les résultats bruts de l’appareil, afin d’en extraire les informations concernant les pesticides.
Ces résultats bruts apparaîtront sous la forme d’un spectre qui caractérise la matière, à l’image des empreintes digitales. Il suffira ensuite de comparer cela à une base de données contenant les molécules de référence, pour identifier les molécules présentes sur les aliments.
Le fonctionnement de mon appareil sera simple : il se connectera par Bluetooth aux smartphones et enverra des données, qui seront traduites par l’algorithme. L’utilisateur disposera ainsi de toutes les informations dont il a besoin, via un affichage très simple.
À travers ce projet, j’avais à cœur de rendre accessible au grand public des données qui ne le sont pas encore, car je me sens concerné par la question des pesticides. Et visiblement, je ne suis pas le seul, si l’on en croit la récompense qui m’a été décernée par le ministère de l’Environnement.
J’ai été très surpris par ce premier prix, mais cela m’a permis de réaliser que les Français sont préoccupés par ces problématiques et qu’ils attendent que des solutions leurs soient proposées. Grâce à ce concours, je vais pouvoir développer mon invention, car je bénéficie d’un CDD d’un an au sein d’un incubateur du ministère.
Dans un premier temps, je vais partir à la rencontre de constructeurs et de chercheurs qui ont travaillé sur la détection de pesticides. L’objectif est que d’ici cinq à dix ans, cette technologie soit intégrée directement dans les smartphones, sans que les utilisateurs aient besoin d’acheter un spectomètre.
À terme, je souhaiterais élargir ce dispositif, afin qu’il soit capable de détecter la présence de polluants dans l’eau ou dans l’air. Mais pour l’heure, je me concentre sur les aliments. Bientôt, les Français pourront savoir s’il y a des pesticides sur les fruits et légumes qu’ils mettent dans leur panier. Et c’est déjà une bonne nouvelle !
Merci Bernard ! 🙂
Source : http://leplus.nouvelobs.com/Publié le 03-07-2016 – Simon Bernard
Crédit photo : By Ralf Roletschek (talk) – Fahrradtechnik auf fahrradmonteur.de (Own work) [GFDL 1.2 (http://www.gnu.org/licenses/old-licenses/fdl-1.2.html)], via Wikimedia Commons