Par Pierre Ropert et Hélène Combis
Qu’est-ce que le coronavirus ? Comment endigue-t-on une pandémie ? Quelles sont les populations à risque ? Et se transmet-il aux animaux ? A l’aide de ses émissions, France Culture vous tient à jour et répond à vos questions.
L’épidémie de coronavirus fait de plus en plus de victimes dans l’Hexagone. En France, ce mardi 10 mars, 1 784 personnes sont contaminées et 33 sont décédées, selon les chiffres officiels. Dans le reste du monde, on déplore plus de 117 339 cas, dont 4 251 morts. Comment réagir face à l’épidémie ? Surveiller sa température deux fois par jour, se laver régulièrement les mains, utiliser du gel hydroalcoolique, tousser dans son coude, éviter les embrassades… telles sont les consignes du gouvernement. Certains grands angoissés font du zèle, allant jusqu’à dévaliser les rayons de supermarchés de leurs lots de pâtes et de riz par peur d’une épidémie longue et particulièrement létale… Il faut dire que beaucoup d’informations se répandent, parfois contradictoires. On tire ici le vrai du faux.
Qu’est-ce que le coronavirus ?
Le coronavirus est un « gros » virus, désigné par le terme SARS-CoV-2, pour “coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2”. Il est susceptible de déclencher la maladie du coronavirus 2019 (rappelons que les premiers malades ont été hospitalisés à Wuhan en décembre 2019) ou “COVID-19”, de l’acronyme anglais signifiant « coronavirus disease 2019. » Ces virus se caractérisent aussi par un génome particulièrement complexe, comme l’expliquait Alain Fish, spécialiste en infectiologie :
La famille des coronavirus est connue depuis longtemps : ce sont des virus assez gros, une centaine de nanomètres, c’est cinq fois plus gros que le virus de la polio [ou poliomélite, ndlr], pour donner un ordre de grandeur. Les plus gros virus sont dix fois plus petits qu’une petite bactérie. Ces virus sont caractérisés par un énorme génome : c’est un brin d’ARN (acide ribonucléique) totalement capable d’être lu directement dans la cellule. […] C’est donc la dimension et la complexité de leur génome qui caractérise les coronavirus. Ils ont une enveloppe assez polymorphe, irrégulière, qui protège ce génome. A l’extérieur, on voit des structures qui font saillie, ce qui donne un aspect de couronne d’où leur nom, coronavirus, et ils sont assez faciles à reconnaître au microscope électronique avec cette couronne.
A la différence d’une bactérie, un virus ne peut vivre et se répliquer que dans une cellule, il ne peut pas exister de manière autonome. Si certains virus sont inoffensifs, d’autres, comme le virus à l’origine du SRAS chinois en 2003, s’y développent de manière particulièrement délétère pour cette cellule. Le “SARS-CoV-2”, à qui l’on doit nos angoisses actuelles, lui ressemble à 80 %. Bien plus contagieux, il a cependant une létalité (de 2 à 3%) très inférieure à celle du virus du SRAS de 2003 qui atteignait les 10%.
Comment se transmet-il ?
Dans une émission de La Méthode scientifique, Anne-Claude Crémieux, professeure en maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, rappelait la méthode de transmission du coronavirus :
On sait que la transmission se fait par gouttelettes infectantes, et donc par des contacts dits proches, c’est-à-dire de un à deux mètres, mais aussi éventuellement par les objets contaminés, puisque nous savons que le virus peut persister plusieurs heures et même plus sur les objets qui ont été touchés par quelqu’un qui aurait ce virus sur les mains. D’où les précautions que l’on prend qui sont respiratoires, avec les masques, mais impliquent aussi les gels hydroalcooliques pour les mains.
Sur le plan de la transmission, le virus vient se fixer sur les récepteurs cellulaires ACE2, qui sont des récepteurs respiratoires. Il les utilise ensuite comme mécanisme d’entrée cellulaire pour entreprendre une multiplication parasitaire. Pour le virus de la grippe, on estime qu’en moyenne, dix minutes passées en présence d’une personne infectée qui tousse et éternue suffisent pour transmettre le virus. Mais la transmission est possible sur des intermèdes plus courts, ou en touchant des objets contaminés, même si le risque est faible.
Quels sont les symptômes ?
Selon une étude récente, il existe un délai de cinq jours entre l’infection et le début de l’apparition des symptômes. « Au début, cette épidémie a été détectée parce qu’on a retrouvé des pneumonies sévères, précisait la médecin infectiologue Anne-Claude Crémieux dans La Méthode scientifique. On connaît mieux maintenant le spectre de cette maladie qui peut commencer par des symptômes assez banals, qui sont une douleur pharingée [un mal de gorge souvent accompagné de douleurs lors de la déglutition, ndlr], puis de la toux. Et qui peuvent ensuite, à la fin de la première semaine en général, donner une infection pulmonaire avec de la fièvre. »
Selon la médecin, « les symptômes des voix aériennes respiratoires supérieures, c’est-à-dire la gorge et le nez« , permettent d’établir un diagnostic grâce à des prélèvements nasaux pharyngés. Mais les symptômes peuvent également évoluer :
On l’a dit, la forme habituelle est une pneumonie. […] Est-ce que ça peut toucher d’autres organes ? On sait qu’il peut y avoir des formes digestives avec des diarrhées et qu’effectivement, les selles peuvent être aussi contaminantes, même si c’est beaucoup moins fréquent qu’avec le SRAS. Quant à la présence du virus dans le sang, elle est assez rare, d’après les éléments que nous avons.
Si le coronavirus a longtemps été présenté comme une maladie dans la même veine que la grippe, les médecins tendent à revenir sur cette définition. Il déclenche des formes sévères de pneumonie (des pneumopathies interstitielles pouvant évoluer vers des insuffisances respiratoires) et a un taux de mortalité dix fois plus létal que la grippe (1,4 % des personnes infectées en meurent).
Personnes âgées, femmes enceintes, enfants, animaux : quelles sont les populations à risque ?
« Manifestement, il y a une injustice : les sexagénaires de sexe masculin sont plus à risque que les femmes, les adultes jeunes, et surtout que les enfants, et c’était la même chose pour le SRAS et le MERS coronavirus [syndrome respiratoire du Moyen-Orient, apparu en 2012 en Arabie Saoudite, NDR]. Ça touche beaucoup plus les personnes âgées, les personnes fragilisées, les personnes qui ont des problèmes respiratoires préexistants« , détaillait récemment dans Les Matins de France Culture Renaud Piarroux, professeur à la faculté de médecine de Sorbonne Université, chercheur à l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique et chef de service à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
En effet, le taux de mortalité augmente sensiblement avec l’âge : la létalité est très basse chez les malades de moins de 39 ans, à 0,2%, contre 1,3% chez les quinquagénaires, 3,6% chez les sexagénaires, et 8% chez les malades âgés de 70 ans et plus ! Mais contrairement à la plupart des autres infections respiratoires, les jeunes enfants semblent totalement épargnés par ce nouveau coronavirus.
“Il est possible que les enfants aient une immunité plus robuste et plus récemment acquise au travers de contaminations d’autres coronavirus. Car ce Covid-2019 fait partie d’une grande famille de coronavirus responsables des rhumes saisonniers”, explique le pneumologue Jean-Philippe Santoni, pneumologue à la Fondation du Souffle, dans un article de 20 minutes.
Quant aux hommes, s’ils sont plus fragiles que les femmes face à la maladie (2,8% de mortalité contre 1,7%), c’est peut être à cause du nombre plus élevé de fumeurs parmi eux, mais aussi parce que le système immunitaire des femmes est plus réactif – ce qui les rend d’ailleurs bien plus sensibles aux maladies auto-immunes.
Enfin, parmi les patients les plus à risques, figurent bien sûr les personnes déjà fragilisées par le cancer ou le sida (qui supposent la prise de traitements immunodépresseurs), les personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), les personnes diabétiques, celles présentant une maladie cardio-vasculaire, ou encore les personnes victimes d’hypertension ; les femmes enceintes également, dont l’immunité est diminuée pour permettre la gestation, grâce à des molécules produites par le fœtus, nommées HLA-G. Concernant les femmes enceintes, il est en revanche encore trop tôt pour savoir si le coronavirus est capable de se transmettre à l’enfant, et s’il peut entraîner des malformations du fœtus : les informations qui circulent à ce sujet sont contradictoires.
Une étude chinoise parue dans The New England Journal of Medicine le 28 février dernier rappelle cependant que 84% des personnes infectées ne vivent qu’une forme bénigne de la maladie.
Du côté des animaux, les animaux domestiques ne sont a priori pas contagieux et l’épidémie ne se transmet qu’entre êtres humains.
Le coronavirus peut-il muter vers une forme plus dangereuse ?
Dans Le Journal des Sciences, Natacha Triou citait une étude chinoise parue dans National Science Review expliquant que le coronavirus aurait muté. D’après l’analyse de 103 séquences du SARS-CoV-2, il existerait deux mutations du génome du virus, qui se partagerait donc en deux types : L et S. Mais tous les virus mutent lors de leur réplication, sans que cela augmente pour autant le danger qu’ils représentent. L’enseignante-chercheuse Isabelle Imbert à l’Université d’Aix-Marseille, qui travaille sur les coronavirus depuis 2004, nuance ainsi les résultats de cette étude :
De ce covid, tout le monde s’accorde à dire qu’il y a une très très forte conservation, de l’ordre de 99,98 %, avec de façon générale 5 à 10 nucléotides de différence. […] Les coronavirus forment une famille de virus assez exceptionnelle parce qu’ils contiennent un génome qui est ARM mais ils ont une taille qui est complètement inhabituelle. La taille du génome est d’environ 30 000 nucléotides. Il faut savoir que chez tous les virus ARN, la taille moyenne est entre 10 000 et 12 000 nucléotides. Les coronavirus sont arrivés au fil de l’évolution à conserver une telle longueur parce qu’ils ont acquis dans leur génome ce qu’on appelle un mécanisme de « relecture » qui permet de corriger les erreurs lors de la réplication. Ça c’est un gros avantage dans la lutte contre les coronavirus parce qu’ils sont très fidèles dans leur réplication : ça signifie que si on arrive à trouver une molécule antivirale, les risques de mutants qui échapperaient au traitement sont plus faibles, par exemple, qu’avec le VIH.
Un verdict partagé par Arnaud Fontanet, Directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur de Paris :
Il faut minimiser la portée [de cette étude]. D’une part la réalité des deux lignées est contestable, même si on pourrait l’accepter. Mais surtout on ne peut pas dire sur la base des indices phylogénétiques que cette lignée serait soit plus transmissibles, soit plus virulente. Pour le moment on a plutôt l’image d’un virus qui mute peu.
Les médecins surveillent néanmoins de très près les possibles évolutions et mutations du SARS-CoV-2.
Quel est le taux de contagiosité du coronavirus ?
Pour déterminer le taux de contagion d’un virus, on parle de R0, qui désigne le « nombre de reproduction de base ». « Le nombre de reproduction de base, c’est le nombre de personnes qu’un malade va infecter, explique Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur de Paris dans La Méthode scientifique. On parle ainsi de R1 si le malade infecte 1 personne, R2 pour 2 personnes, etc. :
Bien sûr, le but avec les mesures de contrôle, c’est de ramener ce nombre en dessous de 1. Puisque si chaque malade affecte moins d’une personne, l’épidémie s’arrêtera. C’est ce qui s’est passé avec le SRAS. Pourquoi était-ce possible ? Parce que le SRAS était contagieux 4 ou 5 jours après le début des symptômes et de fait, on avait le temps, quand les malades commençaient à déclarer des symptômes, de les diagnostiquer et de les mettre en isolement avant qu’ils aient contaminé d’autres personnes. D’autant qu’avec le SRAS, les gens ne faisaient que des formes sévères de la maladie.
Si actuellement le consensus scientifique autour du coronavirus est de considérer un taux d’infection d’environ 3,28 (R3,28 donc), Arnaud Fontanet se veut plus prudent : « Je suis dans des conférences de consensus, de modélisation, etc., et franchement le chiffre qui circule est entre 2 et 2,5. Le R0 dépend des mesures de contrôle et peut donc varier en fonction des endroits où vous le mesurez« .
Avec ce nouveau coronavirus, on a des symptômes de contagiosité qui débutent dès le début des symptômes, voire un peu avant, et on a des formes mineures de la maladie. Et de fait, ramener ce 2 ou 2,5 de nombre de reproductions en dessous de 1 par des mesures de contrôle devient beaucoup plus difficile parce que les gens sont contagieux avant d’être mis en isolement et parce qu’il y a des gens qui ont des formes mineures, qui vont débuter des chaînes de transmission sans avoir été repérés et isolés du tout.
Faut-il confiner les populations ?
Comment, dès lors, faut-il procéder pour tenter de ramener le nombre de reproduction de base à R0 ? Si en Chine, Wuhan a été placé sous quarantaine, le confinement est arrivé trop tard pour empêcher la propagation de l’épidémie. Si celle-ci semble là-bas sur le déclin, elle est en revanche en train de prendre des proportions inquiétantes en Italie, mise en quasi-quarantaine alors que le pays dénombre ce 10 mars 463 morts liées au coronavirus, pour un total de 9 172 cas confirmés
Difficile cependant de justifier d’une quarantaine en France, quand cela consiste à enfermer des personnes saines, avec des personnes potentiellement contaminées, précise Patrick Zylberman, professeur émérite d’histoire de la santé à l’Ecole des hautes études en santé publique :
Les quarantaines collectives sont assez dangereuses puisqu’on mélange des personnes asymptomatiques, dont on sait pas si elles sont contagieuses ou non, avec des personnes saines. Si vous êtes enfermé dans un local avec d’autres personnes sans savoir si elles sont contagieuses ou pas, vous risquez vous-même d’être contaminé. Dès lors le but de l’opération est complètement raté puisqu’il revient à propager le mal au lieu de le contenir.
« Fermer les frontières n’est pas efficace« , précisait de son côté Antoine Flahault, directeur de l’Institut de Santé Globale de l’Université de Genève :
Les travaux réalisés, plutôt pour le virus du sida, montraient que, dans les années 80, fermer les frontières, ce que préconisaient certains Etats, voire certains partis politiques, n’était pas efficace. Nous avons traité cette question d’une façon très scientifique, sans a priori, sans préjugé, […] pour que cela soit un petit peu efficace, cela nécessiterait une mise en oeuvre très compliquée à réaliser parce que les virus n’ont pas de passeport et peuvent passer les frontières.
Au vu de l’ampleur de la contagion, l’OMS a récemment déclaré qu’il s’agissait d’une pandémie, c’est-à-dire que le virus s’est propagé dans le monde entier. En France, le gouvernement a interdit les rassemblements de plus de mille personnes mais n’a pas encore, par exemple, proclamé la fermeture des écoles, alors que l’on sait qu’en cas d’épidémie de grippes, leur fermeture permet d’enrayer la transmission du virus, précise Anne-Claude Crémieux dans La Méthode scientifique :
C’est toute la difficulté des mesures barrières, et c’est ce dont on est évidemment en train de parler aujourd’hui en France. Ces mesures peuvent être très efficaces lorsqu’elles sont appliquées à 99%. Ce qu’on ne sait pas, au fond, c’est l’efficacité de ces mesures lorsque ce sont des applications qui sont plutôt de l’ordre de 50 à 60 %. C’est ça, la vraie inconnue.
En France, le gouvernement a annoncé un probable passage au « stade 3 de l’épidémie » dans les jours prochains. Là où le premier stade consiste à freiner l’introduction du virus sur le territoire et où le stade 2 consiste à empêcher sa propagation en France, le stade 3 consiste surtout à tenter d’en ralentir la progression, raconte Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur de Paris :
C’est la phase d’atténuation,
c’est-à-dire qu’on ne cherche plus l’endiguement. On sait qu’on ne va plus
pouvoir empêcher la propagation. On veut freiner, ralentir l’épidémie. Pourquoi
est-ce important de ralentir l’épidémie ?
D’abord, parce qu’on est actuellement en épidémie de grippe et qu’on ne sait
pas si les personnes qui arrivent avec un tableau grippal sont atteintes par le
nouveau coronavirus ou une grippe… Dans un mois, on devrait être sorti de la
grippe. On peut espérer que dans un mois, il y aura plus de lits d’hôpital
disponibles pour des patients atteints de coronavirus.
Ce qui est très important et que les gens ne réalisent pas, c’est qu’il faut
étaler dans le temps et dans l’espace la survenue des cas sur le territoire
français. Pourquoi ? Parce qu’un pic épidémique très localisé sur une région
va entraîner une saturation très rapide des lits d’hôpitaux et notamment de
réanimation. Avec des mesures-frein que l’on met en place, on étale dans le
temps et dans l’espace les cas, on soulage les structures sanitaires et on
évite cet engorgement des services de réanimation ensuite sur du moyen terme.
Si on gagne quelques mois, ça peut être la découverte d’un traitement qui
serait efficace pour la prise en charge des patients.
Masques, savons, gel hydroalcoolique : quelle est la conduite à tenir individuellement et comment se protéger ?
La quarantaine collective n’étant pas la solution privilégiée, la principale méthode consiste à isoler les personnes victimes du SARS-CoV-2, pour réduire la transmission. Et à compter sur les comportements individuels pour appliquer les « gestes barrières » recommandés par le gouvernement. « Pour réduire la transmission, c’est tout ce qu’on vous a appris à faire mais que vous aviez oublié depuis peu« , re-précise Arnaud Fontanet :
C’est tousser dans votre coude ou dans un mouchoir à usage unique. Se laver les mains régulièrement. Ça, c’est une façon de se protéger. On peut mettre des masques quand on est du personnel médical exposé à des patients. On met des masques FFP2, ça n’a pas d’intérêt, sinon.
Les masques ont en effet peu d’utilité : les virus peuvent pénétrer par les yeux et les petites particules peuvent passer la barrière. Il faut donc s’équiper a minima d’un masque à particules FFP2, qui filtre 94 % des aérosols, pour que cela soit efficace. Au vu de la pénurie, il est cependant important de laisser la priorité des masques au personnel soignant ou aux personnes en contact avec des personnes infectées dans leur entourage proche.
Ces mesures sont des mesures barrière à l’échelle individuelle, mais, rappelle le médecin, un autre élément clé est la « distanciation sociale » :
Ce n’est pas exactement un confinement : ça commence par le fait qu’on ne se serre pas la main. Et puis après, ça va être de ne pas aller dans les bars, dans les cinémas etc. […] On sait que des mesures de protection individuelle, comme le lavage des mains, vont réduire de 50 % le risque de transmission. Si je vous disais qu’on avait un vaccin efficace à 50 %, vous me diriez que c’est pas mal. Et bien ce vaccin c’est le savon.
… ou le gel hydroalcoolique, qui permet, comme le savon, de se désinfecter les mains, et a permis de réduire drastiquement, depuis son invention, les cas de transmission de maladies infectieuses dans les hôpitaux.
Le coronavirus va t-il stopper l’élan de la croissance chinoise, et mondiale ?
L’impact sur la croissance chinoise a été évalué et sera de l’ordre de 1 point sur l’année, ce qui voudra dire 0,2 % de croissance en moins au niveau mondial, et 0,1 pour la France, a estimé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, cité dans un “Entendez-vous l’Eco” consacré aux conséquences de l’épidémie sur la croissance.
Mary-Françoise Renard, économiste, professeur à l’université Clermont-Auvergne, invitée de cette émission, y donnait quelques autres chiffres clés : “Les conséquences économiques sont forcément très importantes compte tenu du rôle de la Chine aujourd’hui dans l’économie mondiale : c’est 12% des exportations mondiales, 16% du PIB mondial, et beaucoup d’entreprises sont dépendantes de la Chine parce que c’est un très grand marché, et parce que c’est un producteur qui leur fournit des biens qu’ils utilisent après dans leur production”.
Premier symptôme visible de ce décrochement de de la croissance : l’effondrement de 25% du marché pétrolier, analysé par Le Monde dans un article signé Nabil Wakim :
Lundi 9 mars au matin, les cours ont chuté lourdement en Asie. Le baril de brent de la mer du Nord a plongé de 25 %, à 33,90 dollars (30 euros). Ce décrochage ne semble pas près de s’arrêter. Les observateurs du marché s’accordent à dire que, dans les prochaines semaines, le cours pourrait atteindre son niveau historiquement bas de 2016, en dessous de 30 dollars. Dans la foulée, les Bourses asiatiques et européennes ont également dégringolé.
Les raisons de ce décrochement sont simples : la Chine est le principal consommateur de pétrole, représentant 14% de la consommation mondiale. Mais les restrictions sur les déplacements et la dégradation du marché chinois ont entraîné logiquement une baisse drastique de la demande.
Quant à la France : le 9 mars, la Bourse de Paris connaissait sa pire séance en 12 ans, s’effondrant de 8,39%.
Cette baisse d’activité a néanmoins un effet positif : au-dessus de la Chine, le nuage de pollution au dioxyde d’azote s’est réduit de manière spectaculaire, d’après des images prises par la Nasa. Ainsi à Wuhan, berceau du coronavirus, du 10 au 25 février 2020, la Nasa a relevé des valeurs inférieures à 125 µmol/m², alors qu’elles dépassaient 500 µmol/m² un an auparavant.
Comment soigne-t-on le coronavirus ?
Rarement la science a travaillé aussi vite, précise le Dr. Jean-François Chambon, de l’Institut Pasteur : « Je m’occupe d’épidémies depuis quarante ans, et je peux vous dire que jamais on n’est allé aussi vite. Jamais. Entre la déclaration par les autorités chinoises le 31 décembre et l’isolement du virus, il a fallu à peine quatre semaines et demie. Les étapes « reconnaissance, diagnostic, séquençage, isolement » nous ont pris quatre ans et demi pour le virus du sida… »
Pour ce qui est de la création d’un vaccin, la principale méthode consiste à « screener » les médicaments existants : les chercheurs prennent tous les médicaments anti-viraux connus, les testent sur le virus, et s’ils jugent que l’un d’entre eux produit des résultats intéressants, commencent à le tester sur des animaux, avant de commencer une phase d’expérience chez l’être humain. « Plusieurs antiviraux sont testés avec des résultats que l’on espère en juin« , précisait Anne-Claude Crémieux dans La Méthode scientifique. Il s’écoulera au minimum un an avant qu’un vaccin commercialisable ne voit le jour.
En attendant, les antibiotiques n’ayant aucune efficacité contre les virus, le traitement ne peut être que symptomatique, visant par exemple à soulager la fièvre par des antipyrétiques.
Source : France Culture – 10/03/20- Pierre Ropertt et Hélène Combis
Crédit Photo : Jayani guruge / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)