Fukushima est objet de cinéma à la Berlinale

A peine un an après la catastrophe, Fukushima est devenu un objet de cinéma, trois réalisateurs japonais livrant dans leurs oeuvres présentées à la Berlinale leur regard sur les fractures créées par l’accident nucléaire.

Ces films sont partis d’un double constat commun: le sentiment, d’une part, que le sort des victimes n’était pas suffisamment pris en compte, et, d’autre part, la perception d’un décalage profond entre l’attitude des institutions japonaises et l’écho réel de la tragédie.
« J’ai eu l’étrange sentiment que les personnes directement concernées étaient complètement négligées », raconte par exemple Toshi Fujiwara, réalisateur de « No man’s zone », pour expliquer l’origine de son film.

Et c’est un sentiment identique qui a guidé Funahashi Atsushi, auteur de « Nuclear Nation »: « c’est presque un crime, le gouvernement japonais ne prend même pas la peine de protéger ses propres citoyens », a-t-il dit à l’AFP.

Quant à Iway Shungi, auteur de « Friends after 3.11 », il estime que le Japon « n’a réellement pris conscience des horreurs de l’énergie nucléaire qu’après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima ».

Les trois documentaires explorent cependant des pistes différentes. « Nuclear Nation » suit le destin des habitants du village de Futaba (où la centrale était implantée), évacués en urgence et qui, au début du mois de mars 2011, ont été installés dans un lycée de la banlieue de Tokyo. « Encore aujourd’hui, ils sont encore 500 dans ce lycée », précise Funahashi Atsushi qui, pendant deux heures et demie, livre une sorte de journal de bord de ces réfugiés de l’atome, dont la vie s’écoule avec ennui, au rythme des saisons.

Une figure se détache de ce récit, celle de Katsutaka Idogawa, maire désormais sans village, qui se bat pour ses administrés. Sa colère retenue lors d’une réunion avec des ministres qui quittent la pièce après avoir prononcé un bref discours est une séquence forte de « Nuclear nation ». « J’en ai presque pleuré en visionnant les rushes », raconte Atsushi.

« No man’s zone » plonge, lui, au coeur de la région contaminée. Plus contemplatif, Toshi Fujiwara filme la nature: en apparence, rien n’a changé, c’est la saison des cerisiers en fleur, raconte la voix off, mais il n’y a plus que la caméra pour admirer le paysage, la zone a été évacuée.

A l’opposé, « Friends after 3.11 » apparaît plus bavard. Iwai Shunji a filmé ses « nouveaux amis », ces acteurs, chercheurs, journalistes, banquiers, producteur de musique, etc. rencontrés et longuement interviewés après le 11 mars. « Je voulais livrer un portrait du Japon au présent et au futur, vu par ces « amis » », explique-t-il. Le résultat laisse l’impression d’une libération de la parole qui explore, au risque parfois de s’y noyer, l’immensité des questions que pose la catastrophe à la société japonaise.

Le séisme et le tsunami qui ont dévasté le 11 mars la région du Tohoku, dans le nord-est du Japon, ont fait quelque 19.000 morts et déclenché l’accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de 1986 à Tchernobyl.

En raison de l’élévation du niveau des radiations, des dizaines de milliers de personnes habitant aux alentours de la centrale située à quelque 220 km au nord-est de Tokyo, ont dû abandonner leur foyer. Plusieurs d’entre elles ne savent toujours pas quand elles pourront regagner leur domicile.

Renseignements sur le festival Berlinale : http://www.berlinale.de

 

 

Source : AFP du 13/02/2012
Crédit photo : www.berlinale.de
 
 
 
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