Le gouvernement australien a proclamé mardi la création d’une réserve naturelle autochtone de dix millions d’hectares dans le désert de Tanami. Les aborigènes vivant dans la zone célèbrent la création du plus grand parc national du pays.
Au milieu du désert australien, dans la petite localité de Sangsters Bore, des dizaines d’Aborigènes ont explosé de joie hier. Ils viennent d’apprendre que le gouvernement central a décrété la protection d’une zone de dix millions d’hectares (plus de 100.000 kilomètres carrés), qui comprend leurs propres terres ancestrales.
« Aujourd’hui, je suis très ému. Aujourd’hui, nous fêtons la liberté », s’enthousiasme Eddie Jampijinpa Robertson, un aîné de la tribu Warlpiri de Yuendemu, une communauté aborigène située à 250 kilomètres d’Alice Springs. « Notre rêve de pouvoir prendre soin de cette terre est exaucé », s’est-il ému, nous rapporte news.com.au.
Près de deux millions d’euros alloués :« L’Aire Autochtone Protégée (Indigenous Protected Area – IPA) du Tanami Sud » – c’est son nom – fait partie du corridor écologique transaustralien (Trans-Australia Eco-link) et s’étend de la Terre d’Arnhem au nord, à la Grande baie australienne, à plus de 3.500 kilomètres au sud.
Cette nouvelle zone de conservation est la plus grande surface terrestre en Australie rendue à la nature, elle inclut à la fois une zone de déserts et de savanes subtropicales. À titre comparatif, la réserve serait aussi vaste que le Portugal. Concrètement, les Aborigènes pourront prendre part à la gestion de l’écosystème, à son attribution et à sa protection tant sur le plan culturel qu’environnemental. Un atout indéniable en matière de création d’emplois pour les natifs du continent.
Le gouvernement fédéral va allouer un fond d’1,6 million de dollars australiens (plus d’1,3 million d’euros) sur les deux prochaines années, destiné aux rangers locaux pour gérer la région du Tanami Sud. Un groupe philanthropique, The Nature Conservancy, est venu se joindre au financement en proposant 500.000 dollars australiens (près de 420.000 euros) d’aide à la conservation de la zone. « Cette nouvelle aire protégée sera un exemple pour toute l’Australie dans la manière de prendre soin d’une terre », a affirmé le ministre fédéral de la Santé autochtone, Warren Snowdon.
Une reconnaissance du savoir aborigène : « C’est un message à toute la communauté australienne du pays : nous n’en sommes pas uniquement les gardiens, mais nous savons ce qu’il faut faire pour prendre soin de notre pays », a-t-il souligné.
Lottie Robertson, une propriétaire terrienne traditionnelle, a tenu à insister que ce résultat probant était le fruit de cinq ans de travail acharné. Avec cette protection du gouvernement, son peuple est assuré de pouvoir transmettre ses connaissances aux générations futures. « Le Sud Tanami appartient au peuple Warlpiri », a-t-elle lancé à la foule en accueillant l’annonce de la création de la réserve. « Nous avons maintenant de jeunes rangers qui apprennent à prendre soin de leur terre », a précisé Mme Robertson. Philip Wilyuka, président du Central Land Council, s’est réjoui de cette décision. Pour lui, l’instauration d’Aires Autochtones Protégées marquent un changement dans la manière dont les autochtones sont traités par le gouvernement australien, par rapport au passé. « C’est véritablement la clé. Les Aborigènes ont 40.000 ans de connaissance de l’Australie et ils savent comment prendre soin de leur pays », a déclaré le Dr. Michael Looker, directeur de Nature Conservancy Australia.
La nouvelle zone protégée du Tanami Sud hébergerait une faune rare composée d’espèces menacées, telles que le grand scinque du désert, le bandicoot lapin ou la perruche d’Alexandra.
Source et crédit photo : www.maxisciences.com