Le vin issu de l’agriculture biologique est depuis quelques années en pleine progression en France où il grignote des parts de marchés, comme en témoigne la 19e édition du salon « Millésime bio » qui se tient jusqu’au 25/01 à Montpellier.
Avec 50.116 hectares pour 3.898 producteurs (fin 2010), le vignoble vert hexagonal, tiré par le Languedoc-Roussillon (16.462 ha) et la région Paca (11.209 ha), représente 6% de l’ensemble du secteur. Et au niveau mondial, il se classe au troisième rang, derrière l’Espagne (57.232 ha) et l’Italie (52.273 ha), mais devant les Etats-Unis (11.448 ha) ou l’Asie (2.424 ha).
« Depuis 2010, nous avons atteint les objectifs du Grenelle de l’Environnement pour 2012 », se félicite le président de l’association interprofessionnelle des vins biologiques du Languedoc-Roussillon (AIVB-LR), Thierry Julien. « Il y a une explosion des conversions au bio (+28%)« , ajoute le patron de ce salon qui accueille 600 exposants et attend 3.000 visiteurs. Poitou Charentes (+87%), Aquitaine (+63%), Champagne (+59%): partout des viticulteurs du premier producteur de vin au monde (50 millions d’hectolitres en 2011) se lancent dans le bio. « Sans sacrifier à la quantité et à la qualité », assurent des précurseurs du bio, comme Dominique Pons à Saint-Nazaire (Gard) ou Rémy Soulié à Saint-Chinian (Hérault).
Il est vrai qu’aujourd’hui, les vignerons sont encouragés à produire bio. Ce qui n’était pas le cas dans le passé. « On m’a traité de fou, de marginal. La Chambre d’agriculture faisait barrage. La banque refusait de me prêter de l’argent », se souvient M. Pons, fier d’arborer sa médaille de pionnier.
Avant l’arrivée des désherbants dans les années 1950-1960, tout le monde faisait du bio. Sans le savoir. « Avec les produits, on a eu la possibilité de produire plus en travaillant moins. Je n’ai pas cédé même si on m’a dit que je retournais 50 ans en arrière. Et aujourd’hui, j’ai des terres qui n’ont connu ni les pesticides ni les insecticides », renchérit M. Soulié.
« On a voulu que mon grand-père, Pierre, mette des engrais sur ses vignes. Il a été viré de sa coopérative. Mais lui voulait faire du vin avec du raisin », complète Julien Guillot, dont la vie a toujours été liée au bio. Son père, Alain, président de la fédération nationale de l’agriculture biologique, a imposé le logo AB.
Julien Guillot, qui est à la tête du vignoble du Mayne, à Cluny (Saône-et-Loire), et se revendique comme « le plus ancien domaine bio en France » (1954), vend partout dans le monde: Etats-Unis, Japon, Australie… Et se réjouit de voir « l’intérêt » se développer en France. En termes de ventes, le secteur a gagné 8% en un an pour atteindre 322 millions d’euros, soit un peu moins de 10% du marché de l’ensemble des produits biologiques en France (3,4 milliards d’euros en 2010). Son potentiel apparaît élevé si l’on considère que 53% des Français (sondage Ipsos pour le salon) n’achètent pas ce vin « par manque d’habitude ».
Le changement de dénomination, avec le passage d’un « vin issu de l’agriculture biologique » à un « vin biologique » cette année, tout comme l’aboutissement des négociations européennes sur la vinification qui permettraient d’adopter un logo européen, devraient renforcer une production encore en recherche d’image en termes de saveur.
« La plupart des très grands vins français proviennent de la culture bio mais ils ne communiquent pas sur cet aspect », constate toutefois M. Julien.
Source : AFP du 24/01/2012 (extraits) Crédit photo : www.zegreenweb.com